Le Massacre de Gardelegen (13 avril 1945)
1. La Fin de la Seconde Guerre Mondiale : En avril 1945, la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin en Europe. Les forces alliées, menées par les Américains à l’ouest et les Soviétiques à l’est, progressaient rapidement à travers l’Allemagne nazie. Les troupes américaines avaient traversé le Rhin et avançaient vers le centre du pays, tandis que les forces soviétiques se rapprochaient de Berlin. Dans ce contexte, les autorités nazies, conscientes de leur défaite imminente, cherchaient à effacer les preuves de leurs crimes en évacuant les prisonniers des camps de concentration vers l’intérieur du Reich, loin des lignes alliées.
2. Les Marches de la MortAu début du mois d’avril 1945, les SS commencèrent à évacuer des milliers de prisonniers des camps de concentration, notamment de Mittelbau-Dora près de Nordhausen, vers d’autres camps comme Bergen-Belsen ou Neuengamme. Ces transferts, souvent réalisés à pied ou par train dans des conditions inhumaines, sont connus sous le nom de « marches de la mort ». Environ 4 000 prisonniers, originaires de Mittelbau-Dora et de camps satellites, furent dirigés vers la région de Gardelegen, située à environ 145 kilomètres à l’ouest de Berlin. Cependant, les bombardements alliés ayant endommagé les voies ferrées, les trains s’arrêtèrent près de Gardelegen, laissant les prisonniers épuisés et affamés dans cette zone.3. Le 13 avril 1945, plus de 1 000 prisonniers – principalement des Polonais, des Russes, des Français et d’autres nationalités – trop faibles pour poursuivre la marche, furent conduits dans une grande grange située sur le domaine d’Isenschnibbe, près de Gardelegen. Les gardes SS, débordés et manquant d’effectifs, firent appel à des auxiliaires locaux : pompiers, membres de la Luftwaffe, du Volkssturm (milice populaire), des Jeunesses hitlériennes et même des civils. Sous les ordres des SS, les prisonniers furent enfermés dans la grange, dont le sol avait été recouvert de paille imbibée d’essence. Les portes furent barricadées, et la grange fut incendiée à l’aide de grenades au phosphore. Ceux qui tentaient de s’échapper étaient abattus par les gardes SS et leurs complices. Au total, 1 016 personnes périrent brûlées vives ou tuées par balles. Seuls onze prisonniers survécurent, grièvement blessés.4. La Découverte par les AlliésDeux jours plus tard, le 15 avril 1945, la Compagnie F du 2e Bataillon du 405e Régiment d’Infanterie de la 102e Division d’Infanterie américaine libéra Gardelegen et découvrit l’horreur. Les corps des victimes, encore fumants, gisaient dans la grange et dans des tranchées creusées à proximité. Les photographes du Signal Corps de l’armée américaine immortalisèrent la scène, et les images furent rapidement publiées dans la presse occidentale, notamment dans le New York Times et le Washington Post, dès le 19 avril 1945. Cette découverte choqua les soldats alliés et renforça la prise de conscience mondiale des atrocités nazies.5. Réactions ImmédiatesLe 21 avril 1945, les autorités américaines ordonnèrent à 200 à 300 habitants de Gardelegen de donner une sépulture digne aux victimes. Les civils exhumèrent 586 corps des tranchées et récupérèrent 430 autres dans la grange, les plaçant dans des tombes individuelles. Le 25 avril, une cérémonie fut organisée par la 102e Division pour honorer les morts, et une plaque commémorative fut installée, enjoignant aux habitants de maintenir les tombes « toujours vertes », comme un symbole de la mémoire éternelle de ces victimes. Le colonel George Lynch, commandant de la division, déclara aux Allemands présents que la responsabilité de ce crime incombait au peuple allemand tout entier, et non seulement aux nazis ou à la Gestapo, dénonçant la cruauté d’une soi-disant « race supérieure ».6. Mémoire et HéritageAprès la guerre, Gardelegen intégra la République démocratique allemande (RDA) en 1947. Le site de la grange devint un mémorial, avec une plaque rappelant la barbarie du massacre et invitant à combattre le fascisme. Gerhard Thiele, le chef nazi local qui orchestra le massacre, échappa à la justice en vivant sous une fausse identité jusqu’à sa mort en 1994. Cependant, certains complices, comme le SS Erhart Brauny, furent jugés et condamnés, ce dernier écopant d’une peine de prison à vie en 1947.
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